Sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest : Utilisation des feuilles d'emballage alimentaire comme alternative dans la lutte contre les aflatoxines

Les aflatoxines figurent parmi les toxines alimentaires les plus dangereuses au monde. L'une d'elles, l'aflatoxine B1, est associée à des maladies graves tant chez l'homme que chez les animaux. Elle est principalement produite sur le terrain, mais surtout pendant le stockage des denrées alimentaires par certains champignons filamenteux de la section Flavi du genre Aspergillus. L'objectif de l’étude était d’évaluer le potentiel antifongique et anti-aflatoxine B1 des feuilles de Tectona grandis, Gmelina arborea et Manihot esculenta, trois espèces ubiquistes utilisées traditionnellement comme emballages alimentaires au Bénin. Un criblage phytochimique a été réalisé sur toutes les feuilles. L'activité de leurs extraits aqueux a été testée sur la souche de référence AFc5 (GenBank KC153995.1) in vitro et sur le maïs dans des conditions de stockage simulées. La production d'aflatoxine B1 a été évaluée par chromatographie sur couche mince. Manihot esculenta a montré des niveaux élevés d'alcaloïdes, de terpènes et de polyphénols. Tectona grandis et Gmelina arborea ont présenté la meilleure activité en perturbant la pigmentation et la texture. Tectona grandis a induit la production de métabolites secondaires défensifs tels que des exsudats bruns et visqueux, ainsi qu'une grande quantité de sclérotes de grande taille et groupés. Manihot esculenta et Gmelina arborea ont conduit à la production de sclérotes moins abondants, plus petits et dispersés, avec des exsudats transparents et fluides. Tous les extraits aqueux ont causé des changements morphologiques sur AFc5 et inhibé la production de AFB1 in vitro. Sur du maïs stocké dans des conditions favorables à la production d'AFB1, malgré un développement fongique significatif, Manihot esculenta, Tectona grandis et Gmelina arborea ont inhibé la production d'AFB1 jusqu'au 40e jour, où une légère production a été observée avec le dernier extrait. L'utilisation de ces espèces pour contrôler la prolifération fongique et la biosynthèse de l'aflatoxine B1 peut représenter une alternative naturelle intéressante pour lutter contre la production de mycotoxines dans les céréales pendant le stockage.