Transmission des connaissances sur les plantes médicinales le long d’un gradient d’urbanisation au Sud-Bénin

Résumé

L’urbanisation entraîne une érosion progressive des savoirs ethnobotaniques, compromettant la transmission intergénérationnelle des connaissances sur les plantes médicinales. L’objectif de l’étude était d’analyser l’effet du gradient d’urbanisation sur la diversité des plantes médicinales connues et les modes de transmission des savoirs au Sud-Bénin. Une enquête a été réalisée auprès de 480 individus issus de 120 ménages dans six localités réparties en zones urbaine, périurbaine et rurale. La diversité des plantes médicinales a été évaluée par comptage des espèces citées et analysée à l’aide d’une ANOVA et d’un modèle linéaire généralisé (GLM). Les résultats ont montré que la diversité des plantes médicinales diminuait avec l’urbanisation, avec 34 espèces recensées en milieu urbain, 61 en milieu périurbain et 56 en milieu rural. La transmission parentale (85 %) restait dominante, mais a été plus faible en milieu urbain, où l’accès aux soins modernes et la raréfaction des espaces verts accéléraient la perte des savoirs. Les plantes exotiques représentaient la moitié des espèces citées en milieu urbain, tandis que les plantes natives prédominaient en milieu rural. Ces résultats confirment que l’urbanisation modifie les pratiques ethnobotaniques et réduit la transmission des connaissances traditionnelles. La conservation de ces savoirs passe par la documentation, l’éducation et la valorisation des plantes médicinales, tandis que des études complémentaires sur l’efficacité médicinale des espèces recensées et une analyse à plus grande échelle sont recommandées pour mieux comprendre les dynamiques de transmission des savoirs en contexte d’urbanisation.